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  • : Le blog de Dream Team MP
  • : C'est le blog de la DreamTeamMP, c'est à dire un groupe d'amis de Classe préparatoire qui ne se sont pas perdus de vue après les concours. C'est notre vie, nos vies, nos envies et notre blog.
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21 juillet 2016 4 21 /07 /juillet /2016 20:03

Et voilà, la boucle est bouclée. En face de moi se trouve un motif étrange issu des divers arts d'une peuplade autochtone en voie d'extinction. C'est le genre de dessin qu'on retrouve sur les totems. Un peu plus bas, un petit aquarium, trop grand pour un appartement mais qui loge parfaitement ici. Et plus près de moi, une petite cascade. Et pourtant, je suis bien dans un aéroport. Je n'ai qu'à tourner la tête pour voir sur un grand écran que mon vol est déjà retardé de trente-cinq minutes, je vais passer un peu plus de temps que prévu ici ! Ensuite, je dooooors.

Concaténation
Concaténation
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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 04:51

Après presque trois semaines passées dans la même ville, j'ai pris un ferry et passé deux jours ailleurs, puis je suis monté dans un avion pour aller un peu plus loin. Le vol était heureusement court, mais un peu chaotique, l'avion a traversé des zones de turbulence, des nuages tout le long, que du blanc, et après avoir vu notre itinéraire, j'ai pu constater qu'il n'avait pas été tout droit du tout.

En arrivant, des maisons, que des maisons, sur des dizaines de kilomètres. Cet étalement urbain engendre de la pollution (puisqu'il faut bien se déplacer), et rend la ville quelque peu dépaysante pour un Européen. Vers l'Est, les prairies s'étendent à perte de vue, si l'on veut bien mettre de côté les quelques nuages. Dans cette direction, le ciel prend un bleu étrange. Une couleur inquiétante, qui semble cacher quelque chose, et qui s'accorde bien avec le gris très foncé, menaçant, des nuages proches.

Après avoir atterri, je me dirige vers le centre de la ville, et ce qui me frappe en premier, ce sont les grandes distances que l'on parcourt pour cela, et les voitures partout ! Des centres commerciaux immenses, des parcs de stationnement tout aussi grands, et des autoroutes de bien plus de quatre voies de large. Je n'ai même pas fait mille kilomètres, mais le décor a radicalement changé.

Ici, les gratte-ciel semblent plus hauts qu'avant, mais moins beaux. Des "couleurs" (si l'on peut dire), plus froides, plus sombres. Les longues rues du centre-ville ont l'air larges, mais les immeubles qui les bordent leur donnent un effet de tunnel, ou au moins de tranchée. Originalité, il y a des passages couverts pour les piétons à quinze pieds du sol, au-dessus de presque toutes les rues.

L'orage commence à gronder et la pluie à tomber. Ici, il semble que les orages ne fassent pas dans la demi-mesure, mais pour l'instant j'ai été relativement épargné.

En retournant dans le centre-ville pour me promener, j'ai pris une douche froide. Pas pour la pluie, même s'il y en avait beaucoup, non, c'est du sens figuré. Habitué aux villes européennes avec un minimum de vie dans les rues, le peu de chaleur humaine que j'ai pu trouver ici m'a tout de suite laissé une impression désagréable. Les rues sont très larges, les trottoirs aussi, il est dix-neuf heures, mais personne ne marche, et le mauvais temps ne semble pas en être le seul responsable, même si j'ai du mal à croire que nous sommes en plein mois de juillet. En revanche, les voitures, elles, sont bien présentes, et occupent trois ou quatre voies de chaque rue à sens unique. On dirait que les gens veulent s'isoler dans leurs tas de ferraille, ne pas se rencontrer. Les multiples tours de verre du quartier n'aident pas, et sont plus impersonnelles qu'autre chose ; d'une certaine manière, c'est impressionnant. Impersonnel, je trouve que c'est le mot qui caractérise le mieux cette ville, pour ce que j'en avais vu à ce moment-là.

La ville se trouve dans les prairies, et, en allant vers l'Est, on trouve trois mille kilomètres de paysages déséspérément plats, probablement pas très variés, même si je ne suis pas allé vérifier, et la concentration de population qu'on y trouve donne l'impression que la Creuse est densément peuplée, en comparaison. Un jour, des gens ont trouvé du pétrole ici, et depuis, c'est la fête, on est riche, et on peut regarder tout le pays du haut de ces sinistres tours de verre. Et puis un jour, le prix du pétrole s'effondre, et l'économie de la ville avec.

Il paraît que c'est la période la plus animée de l'année. Je n'ose imaginer ce que ça doit être le reste du temps. En rentrant, je me renseigne un peu sur la météo, et, ô surprise, des orages sont prévus. Petite information très rassurante de la part des autorités locales : ne pas oublier que les orages peuvent créer des tornades. Ils disaient ça hier, mais apparemment il n'y a jamais eu de tornade ici, et aucune n'est sérieusement prévue pour les jours à venir. Mais en me renseignant aujourd'hui, j'ai quand même trouvé que les gens semblaient bien au courant des précautions à prendre.

Pas de tornade réelle donc, mais mon imagination étant ce qu'elle est, surtout si je suis perdu dans un tel lieu, à mille kilomètres du foyer de "civilisation" le plus proche et à plus de sept mille kilomètres de chez moi, dans mes rêves, ça n'a pas loupé. J'étais dans un immense centre commercial surmonté d'une coupole de verre, à travers laquelle je voyais deux tornades proches l'une de l'autre, et un gratte-ciel qui se tordait dans tous les sens, mais qui semblait résister. Quelqu'un me rassurait et me disait qu'on était en sécurité, et que les bâtiments d'ici avaient été conçus pour résister aux tornades. Et puis je me suis réveillé.

Ici, les gens qu'on rencontrent en poussant les portes semblent quand même très sympathiques. J'ai eu des discussions intéressantes, et on m'a un peu rassuré sur le vide relatif des rues, ainsi que sur les tornades. Mais cette ville semble quand même avoir été prévue pour caler une gare imaginaire. Eh oui, ici, il n'y a pas de gare ferroviaire pour les voyageurs ! Juste une gare de marchandises, et peut-être un train touristique de temps en temps. Nous sommes dans une ville de plus d'un million d'habitants, dans un pays très développé et riche, et il n'y a pas de gare. Bon, de toute façon, comme il n'y a pas grand-chose dans un rayon de quelques milliers de kilomètres, ce n'est pas si grave.

Peut-être que j'ai raté quelque chose, que mon jugement a été trop hâtif, que je me suis mal préparé, mais dans deux jours, je prends un bus et je pars vers l'Ouest, vers les montagnes. J'ai hâte !

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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 01:22

Le blog a bientôt huit ans, et c'est peut-être la première fois qu'on parle de football ici. Ce n'est pas toujours très populaire chez les scientifiques, et ailleurs en France, les gens qui suivent le foot ont une réputation assez négative. Dans le reste de l'Europe, populaire ça veut dire populaire, point. Le championnat d'Europe vient de se terminer. Au début, j'étais encore à Paris, où je pouvais suivre tout ça de près. Maintenant, à huit mille kilomètres de chez moi, c'est un peu plus compliqué. Les gens s'y intéressent moins, au point que le mot football désigne complètement autre chose ici, et que ce sport est lui-même appelé par un autre mot, et il y a ce fameux décalage horaire. Pourtant, je suis entouré de Français, et 21h en France, c'est midi ici, donc c'est faisable. On se rassemble tous dans un bar... perdu, ce n'est pas pour cette fois. Les Portugais ont gagné le championnat en France, et le contexte fait que la défaite n'est pas forcément facile à avaler. J'aurais bien aimé qu'on gagne, car la France va mal en ce moment. Le prochain championnat d'Europe sera complètement différent, et j'ai l'impression que c'était cette fois ou jamais. Mais tant pis, il y a des choses plus graves dans la vie.

 

On rentre dans la pièce. Un frigo ! Qu'y a-t-il à l'intérieur ? Il n'y fait pas froid, un papier et quelques cannettes vides. Au sol se trouvent quelques cartons de pizza. Ils sont vides eux aussi, mais... dans le dernier, il y a une image ! Une image de... cannettes ! Il doit falloir construire quelque chose. J'en ai exactement le nombre qu'il faut... certaines se ressemblent trop. Il va donc falloir faire plusieurs essais. Au bout d'un moment, des chiffres s'affichent. Ce sont les bons !

Ces symboles se ressemblent beaucoup, mais peu d'entre eux sont identiques. Trois paires seulement : six, ça suffira pour cette fois. Il faut trouver des câbles, on en a déjà deux, mais un troisième... dans un haut-parleur !? On l'a trouvé, c'est ce qui compte. Une boîte s'ouvre, il y a un petit jeu avec une voiture. On réussit, on obtient une clé. La porte s'ouvre !

Des 0 et des 1, un motif qui dessine un visage avec des lettres se trouve derrière la porte, un casse-tête à résoudre, et une boîte noire pour laquelle il doit sûrement falloir activer une caméra. Que faire de tout cela ? Une fois le jeu résolu, un chemin apparaît au plafond ! Avec le miroir, on l'oriente vers le visage, et certaines lettres sont mises en évidence. C'est le bon mot de passe !

On voit maintenant l'intérieur de la boîte noire. Quatre tablettes avec un dessin de chaque côté. Après un long moment, on réalise que les dessins sont les mêmes que ceux du bureau. On résout le problème, une autre boîte s'ouvre, de laquelle sort... une souris ! On retourne vers les 0 et les 1. L'écran bouge un peu. Il y a quelque chose à ouvrir... victoire ! On a réussi ! Mon moral remonte un peu.

Je n'ai dormi que trois heures, mais ça suffira pour aujourd'hui. Si j'avais su, j'aurais écrit une bonne partie de cet article dès hier soir.

Aujourd'hui et demain, il y a des exposés de mathématiques en français, ici, alors que la région francophone la plus proche se trouve à quatre mille kilomètres. Encore une victoire ! J'en ai fait un, et, une fois n'est pas coutume, je vais mettre une image.

D'ici quelques jours, une autre Victoire m'attend, et ce, sans changer de fuseau horaire.

Défaites, Victoires
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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 19:53

Aujourd'hui, premier juillet, c'était la fête nationale ! Une longue fin de semaine en perspective : trois jours au lieu de deux. Beaucoup de choses étaient prévues : activités dans la ville tout au long de la journée (même si je n'ai pas pu y assister), parade dans les rues, puis feu d'artifice. En fin d'après-midi, tout le monde avait des petits drapeaux en centre-ville, j'ai fini par en trouver un, car des gens en distribuaient un peu partout. Il paraît que c'est ici qu'ont lieu les festivités les plus importantes du pays, en dehors de la capitale ! Beaucoup de gens étaient assis sur les trottoirs, puis d'autres debout derrière eux, en attendant la parade. Il y a d'abord eu la police, et, premier choc culturel, les agents semblent ici respectés et admirés de tous. Pendant une démonstration à moto, il n'y a eu que des applaudissements, pas le moindre dérapage, pas de huées, pas de cannettes, pas de pavés. Puis ont suivi d'autres militaires, si on peut dire (je ne sais pas si la police fait partie de l'armée ici ou non, mais par rapport à ce qui a suivi, dans l'idée, ça l'était). Après ça, on a eu droit à un passage très original que j'ai beaucoup aimé : quelques Stormtroopers, accompagnés de Chewbacca, puis des Tusken, des généraux de l'Empire, et enfin Dark Vador lui-même, dans son armure, qui faisait des signes de la main à la foule. Il n'y avait pas de Jedi, à mon grand regret...

Ensuite, on a eu droit à des groupes, des musiciens, des danseurs et des artistes en tous genres, de beaucoup de pays du monde : Brésil, Mexique, Venezuela, Ukraine, Syrie (malheureusement quasiment que des hommes dans ce cas-là), Iran, Afghanistan, Pakistan, Thaïlande, Chine, et j'en oublie certainement. Dans certains cas, c'était clairement écrit, dans d'autres non, mais je soupçonne tout ce petit monde de vivre ici. J'en profite pour signaler que, la prochaine fois qu'on me dira que Marseille est une ville cosmopolite, je ricanerai bien. Par rapport à Juchefaux, peut-être, mais voyagez un peu les gens ! Ce n'est pas un jugement de valeur de ma part : je n'associe pas « cosmopolite » avec « bien » ou « pas bien », et quand les gens d'ici se disent écolos, ça me fait un peu ricaner aussi (même s'ils ont un peu raison : partout on trie les déchets, et il y a beaucoup de trolleybus et de pistes cyclables, mais on voit quand même aussi beaucoup de 4X4). Après la parade, la foule a suivi la voiture de queue dans la rue, et j'ai rencontré un Salvadorien avec qui j'ai pu parler un peu en espagnol et en anglais, mais je lui ai d'abord parlé à cause de son maillot de foot de Paris, étonnant de voir ça aussi loin !

Un peu plus tard, l'heure du feu d'artifice approchait. Les endroits indiqués pour le voir étaient, entre autres, une partie du port, une partie du centre-ville, et le côté Nord de la baie, banlieue résidentielle riche donnant sur une autre partie du port, reliée à la ville par deux grands ponts et des bateaux. Mais je me disais que le mieux serait d'aller dans le parc. Comme je suis parti pour tout décrire avec seulement du texte, je tente de faire un schéma verbal des lieux : il y a un bras de mer de trois kilomètres de large. Dans le sens horaire : au Sud s'étend le centre-ville, avec ses gratte-ciel, puis le parc avec ses sapins, parc qui a le nom d'un âne laid, une drôle de forme, et qui n'est probablement pas convexe. Une partie du parc forme une péninsule de quelques centaines de mètres de long, dont l'extrémité arrive presque au milieu de la baie. Ensuite, on trouve le bout de l'estuaire, franchi par un pont suspendu, puis, au Nord, la banlieue résidentielle, et la montagne en décor de fond, avec plein d'endroits pour faire de belles balades, et, paraît-il, des ours. Il y a ensuite l'autre pont, sous lequel passe le bras de mer (je ne sais pas à quel endroit il devient un fleuve). Enfin, on retourne sur la rive Sud, avec d'immenses installations portuaires, et la boucle est bouclée. On peut d'ailleurs voir tout ça depuis le sommet d'une tour, dans le centre-ville.

L'endroit idéal pour admirer le feu d'artifice était donc le bout de la péninsule, dans le parc. Je me suis dit que ça allait faire un peu loin pour rentrer à pied ensuite, mais tant pis, je m'en fiche de ce qu'il m'arrive aujourd'hui, j'ai le temps ! Je suis donc allé à cet endroit, la nuit était tombée, mais entre les lumières des gratte-ciel, les rares lampadaires, les multiples sources lumineuses de la foule (téléphones, appareils photo...), et les nombreuses sources de reflets, on ne pouvait pas vraiment parler d'obscurité. Il y avait un peu de monde, mais moins que dans le port, au centre-ville. Quel feu d'artifice somptueux ! Non pas qu'il ait été exceptionnel en lui-même, mais voir les lumières au loin à gauche, les gratte-ciel à droite, les sapins derrière, devant, les bateaux de plaisance stationnés dans la baie, et en haut, les fusées, quel spectacle ! S'en sont suivis des applaudissements accompagnés des klaxons des bateaux, qui ont commencé à quitter la baie !

Maintenant, je suis rentré, j'écris ça, et au lit ! Mais je me demande à quel endroit du monde on peut faire une aussi belle fête. Après avoir vu ça, on pourrait presque mourir tranquille.

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 06:46

Est-ce qu'on va partir aujourd'hui ? Il est midi, et il y a une grève des contrôleurs aériens. Avant de partir, je maudis une dernière fois la bien-pensance, et certains ministres pour tout ce qu'ils ont fait de mal. Oui, on va partir aujourd'hui. On part avec deux heures de retard. Il est 14h00, mais, pour me préparer psychologiquement, ma montre est à 5h00. L'avion décolle, vire une fois vers la gauche, et ne s'écartera plus beaucoup de son grand cercle. Nous survolons la Grande-Bretagne, au moment où ses habitants prennent une décision cruciale. Nous passons près de Londres, puis, quelques minutes plus tard, nous survolons Glasgow, où, quelques jours plus tard, il y aura un accident dans une fête foraine. A posteriori, j'ai l'impression d'avoir porté la poisse aux territoires que j'ai survolés ce jour-là.

Après un long moment sans terre, j'aperçois l'Islande ! Cette belle île où je suis allé en 2014, aujourd'hui, je n'en vois que des sommets blancs qui dépassent des nuages. Je suis content de ne pas m'y arrêter cette fois, le tunnel est bien assez long comme ça. Mais quand j'y pense, quand on rajoute une longueur finie à une longueur infinie, ça fait une longueur infinie... non ?

Sur l'écran, je ne vois plus l'Islande, ça y est, c'est l'endroit le plus éloigné de chez moi où j'ai jamais été ! Pour la première fois, je sors de l'Europe, même si une partie de l'Islande est sur la plaque américaine. Après ça, il sera difficile de faire beaucoup plus loin...

Sur le Groenland, gros blanc, c'est le cas de le dire. Des nuages à perte de vue, comme si le Nord devait irrémédiablement rester blanc, malgré le nom de cette île. Si seulement c'était vrai... un peu plus loin, encore l'océan, puis la Terre de Baffin. C'est vraiment très loin de chez moi, et il est peu probable que j'y mette les pieds un jour. En me renseignant, j'apprends que cette île, presque aussi grande que la France, possède dix mille habitants. Je me demande qui sont ces gens, ce qu'ils font, comment ils vivent... j'y reviendrai.

Je ne distingue que peu de choses de ces terres, mais, malgré notre altitude de plus de quarante mille pieds, il me semble quand même bien apercevoir des blocs de glace à la dérive. Mon dieu, j'espère que ça a toujours été comme ça à cet endroit-là. Du vert, donc des plantes, me dis-je, mais pas d'autre trace de vie. Pas d'ours polaire en vue, et évidemment pas de trace de l'homme. Encore un peu plus loin, après d'autres étendues bleues, puis blanches, puis vertes, ou vice-versa, du jaune, on dirait un énorme camp militaire, ou une carrière, ou une usine, mais finalement, peu de traces de constructions. Je me demande ce que les Canadiens font de tout cet espace vide, si on peut y aller, à quoi sert cette route en bas...

Le temps redevient mauvais. Pas pour nous, on reste invariablement autour de moins quarante-trois degrés, mais en bas. Des nuages à perte de vue, même si on aperçoit quelques éclaircies (vu d'en haut, c'est plutôt nous l'éclaircie !), et au bout d'un certain temps, on amorce notre descente. Ça y est, on arrive. Ces dix heures ou presque ont été longues, mais sont passées vite. Ma montre est maintenant à 14h00 plus quelques minutes. On a dû faire à peu près huit mille kilomètres. Aujourd'hui, la notion que je possède des dimensions de ma planète a fait un sacré bond en avant. L'Europe, péninsule qui n'occupe qu'une petite partie du globe, et tout d'un coup, neuf fuseaux horaires, huit milles kilomètres, cent vingt degrés de longitude, et le deuxième plus grand pays du monde traversé dans sa diagonale. Je ne verrai plus jamais les choses de la même façon.

Même si les nuages, ainsi que l'avion lui-même, m'empêchent de voir tout ce que je voudrais, on aperçoit des constructions, des sapins, des bras de mer, des îles, des oiseaux, et ça change des étendues à l'air désert que nous avons traversées. On vire encore une fois à gauche (si, si, souvenez-vous), et après avoir survolé un dernier bras de mer (l'écran disait : altitude : deux cents mètres, mais j'avais vraiment l'impression d'être juste au-dessus), on rejoint la piste. Ce bras de mer-là, on n'en voyait pas l'autre bout, mais on ne me la fait pas, à moi, je sais qu'il y a une île, là-bas, avec des villes et des montagnes dessus ! Après avoir roulé quelques mètres sur le tarmac de l'aéroport, on s'arrête, et une passerelle vient nous chercher. Ce n'était pas le cas au départ, nous nous sommes débrouillés avec un vieux bus et nos pieds, mais ici, c'est différent. Avant, j'ai eu le temps d'apercevoir un avion coréen. Donc, l'Asie, c'est juste de l'autre côté, là. Si j'y étais allé avant, je serais parti vers l'Est, mais ici, c'est à l'Ouest. Un coup d'avion et on y est. Et encore un autre coup d'avion, et retour en Europe. Non pas que j'aie découvert tout cela ce jour, mais le fait de le voir, c'est différent.

Il faut passer la douane et récupérer ses bagages. Pour beaucoup de gens, ça peut paraître pénible, mais ça fait partie du voyage. Il est 15h30. Ma montre indique cet horaire-là, les écrans de l'aéroport aussi. Pas mon horloge biologique. Je n'ai pas encore envie de dormir, mais je ressens la fatigue des longues soirées, j'ai déjà pris trois repas aujourd'hui, le dernier un peu plus léger. Je ne somnole pas, mais d'habitude, je n'ai pas de problème pour tenir debout à une heure du matin. Il n'est pas encore 16h00. Et je ne vous ai pas dit la meilleure : il fait jour, plein jour ! C'est incroyable ! Il est 16h00 et il fait jour ! Et il a fait jour depuis ce matin, le jour ne vient pas de se lever sur l'aéroport. La première possibilité, c'est que ma montre et mon horloge biologique se soient mises d'accord et m'aient fait une blague. Ma montre a accéléré la cadence, mon horloge biologique aussi, et, de ce fait, je ne suis pas calé sur la vraie heure. Je n'ai aucun contrôle sur le reste : je ne sais pas qui a mis les écrans de l'aéroport à l'heure, mais j'ai gardé ma montre au bras depuis ce matin, et même les gens que je hais le plus n'ont pas de prise sur mon horloge biologique. Deuxième possibilité : on m'avait dit la vérité, il existe bel et bien un décalage horaire ! Le Soleil se lève et se couche plus tôt à l'Est, plus tard à l'Ouest, et ainsi, tout est décalé. Ce décalage fait le tour du monde, et il existe ainsi une ligne de changement de date. Les survivants de l'équipage de Magellan ont cru avoir perdu un jour et n'ont jamais compris ce qui leur était arrivé. Aujourd'hui, beaucoup de gens sont au courant ! Ici, tout est donc décalé de neuf heures par rapport à chez moi. On m'avait prévenu, je m'étais préparé, j'avais tout calculé en fonction de ça, et pourtant, ça fait un choc de le découvrir. En partant, j'avais reculé ma montre de neuf heures, maintenant, il est 16h00 et il fait jour.

En bon (ou en mauvais) scientifique, ma manie de ne croire que ce que je vois de mes propres yeux et de vouloir tout vérifier a été jusqu'à me mettre dans le besoin de devoir constater par moi-même l'existence d'un décalage horaire lors d'un voyage de cent vingt degrés de longitude. Une fois de plus, j'ai pris conscience des dimensions de ma planète. L'Islande, ce n'était que deux fuseaux horaires, et vingt degrés de latitude. En été, les jours y sont très longs, mais j'étais déjà habitué à voir les jours raccourcir, puis se rallonger, en fonction des saisons. En Islande, ce n'était que la même chose, plus marquée. Quant aux deux fuseaux horaires, je n'en ai jamais vu la couleur, on ne ressentait rien. Tout juste avais-je un peu souffert du vol retour de nuit, qui n'avait duré que trois heures trente, mais mes rêves (et la réalité de l'époque) et la perspective de mon lit avaient été bénéfiques.

Cette fois, c'est neuf heures de moins dans la figure, que je le veuille ou non. C'est délirant ! Et il va falloir tenir jusqu'à une certaine heure, pour espérer être à peu près calé. Je m'engouffre donc dans le métro... ou pas. Le métro est aérien, pas trop rempli, et pas étouffant pour un sou. Et puis, il a l'air rapide, efficace, propre... je ne l'ai pas repris depuis. Un agent m'aide à acheter mon billet (ne rêvez pas, on n'est pas à Paris). Quelques kilomètres à faire avec ma valise... ouh là là, ça grimpe ici. Ce n'est pas Limoges, mais il faut les traîner, ces quinze kilos. J'arrive enfin, je me pose. Un bol de ramen, des discussions qui naissent, mais rien de très long ; malgré ma montre qui indique 19h00, pour moi, il est quatre heures du matin. Malgré le jour, le beau temps et le Soleil bien présent, j'ai envie de dormir. Allez, un tour à la plage ! Du sable, la mer, une autre langue de terre en face, et partout, des arbres, surtout des sapins. Le Soleil est encore haut dans le ciel, il est 19h30. J'en ai assez, je ne tiens plus debout, je vais me coucher.

... làlilàlilàlilàlilà ...

Cinq heures du matin, je me réveille. C'est parfait, il faut que j'en profite ! Après avoir mis un peu de temps pour émerger, je me chausse et pars à la découverte du grand parc à côté de l'endroit où je dors. Enfin, parc... plutôt une petite forêt urbaine. Tout comme les immeubles ici, les arbres atteignent une hauteur qui peut causer des torticolis. Il paraît que les plus hauts avoisinent les soixante-dix mètres. En effet, j'ai vraiment l'impression de m'enfoncer dans la forêt, mais il fait bien jour et je sais où je vais ! Un peu plus tard, j'aperçois un pont suspendu, et une file ininterrompue de voitures passe dessus, surtout dans un sens, vers la ville. En bas, un bras de mer, et en face, encore une langue de terre, des immeubles, des maisons, et probablement plus de sapins que je n'en ai jamais vu. Continuons... au fait, je ne vous ai pas dit, mais ici, les écureuils sont noirs. Enfin, non, ceux-là sont noirs. Bon, en vérité, seulement ce côté-là de celui-là et l'autre côté de celui-ci...

Il est presque neuf heures du matin. J'ai faim, et mon téléphone me sert à écrire à des gens pour qui il est dix huit heures. Complètement délirant...

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 21:31

C'est l'occasion de venir voir de vieux articles du blog, avec des images d'Unterolberndorf...

... alors, si vous lisez ça, s'il vous plaît, dites-le, laissez un petit commentaire juste pour dire que vos yeux sont là ! :-)

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 21:20

Alors, y a-t-il encore des gens qui lisent ce qui est écrit ici ? Oui... ? Non... ? On pourrait écrire n'importe quoi, ça passerait inaperçu, l'endroit idéal pour cacher quelque chose... un secret nucléaire, par exemple... mais là, l'heure avance, le Soleil est couché, et je pourrais m'endormir sur mon clavier...

À peine deux heures plus tôt, l'amphithéâtre était presque vide, et plongé dans une obscurité croissante. Mais, derrière les portes, on entendait une fanfare. Une fanfare... comme celle qui avait si souvent résonné dans mes oreilles, et marqué ma mémoire à jamais. La première fois remontait à quelques années, sur une petite place avec une fontaine au milieu. Il faisait chaud, le Soleil brillait dans le ciel, un léger vent tiède rendait la chaleur agréable. Un grand rassemblement... la fanfare, mais aussi des gens qui criaient dans des mégaphones, d'autres habillés d'une manière étrange, certains déguisés, l'un d'eux en moine, un autre qui portait un grand lion en peluche, une bataille d'eau, des files d'attente pour manger... il se passait quelque chose ! Et puis tout disparut, la place devint soudain calme, malgré quelques passages, et la nuit tomba.

Le décor changea... enfin, pas tout à fait. Le même endroit, la petite place avec la fontaine au milieu, mais il faisait nuit et froid. La fanfare nous imprégnait toujours de son inoubliable musique, encore une file d'attente, beaucoup de mégaphones, et, par rapport à la dernière fois, une nouveauté. Beaucoup de gens arboraient pour seule coiffure une crête teinte en rouge, chez qui le reste de la tête était rasé, et beaucoup de ces mêmes gens avaient des inscriptions au feutre rouge ou noir, sur les joues, ou ailleurs, certains avaient les ongles vernis, mais tous semblaient présents pour la même chose. Encore une fois, un grand événement se préparait. Quelques étages plus haut, des étudiants travaillaient dans leurs bureaux, sans doute dérangés par tout ce vacarme, mais ils savaient que ce ne serait pas long. Enfin, à des centaines de kilomètres de là, d'autres étudiants travaillaient d'une manière autrement plus intensive, et pas de mégaphones de leur côté ; seulement des livres et des feuilles à perte de vue. Mais ils ne manquaient pas grand-chose, rien de trop intéressant ne pouvait se passer dans ces conditions. Et ce qu'ils manquaient allait venir à eux quelques années plus tard.

Cette fois, l'endroit était différent. Une grande pelouse entourée de petits bâtiments, quelques vélos, mais aucune voiture à l'horizon. Presque tout était calme, mais, à un bout de la pelouse se trouvait un petit troupeau de mouflons, bloqués là par une clôture à peine plus grande qu'eux. À l'autre bout de la pelouse, un barbecue fumait et des individus étaient assis autour d'une grande table non loin. La plupart d'entre eux mangeaient, quelques-uns se prélassaient dans l'herbe et étaient en grande conversation, et, enfin, deux personnes s'étaient éloignées du groupe et étaient enlacées l'une avec l'autre, à l'autre bout, près des mouflons. Aucune fanfare n'était là pour marquer les esprits, ni aucun mégaphone. Tout au plus, quelques personnes jouaient du violon, mais pas assez fort pour couvrir les autres bruits, et en aucun cas toute la pelouse. C'était en plein mois de juin ; il était tard, le Soleil était couché, mais le jour était encore là, même si ce n'était plus pour très longtemps.

Nouveau décor : une grande salle, qui avait l'air d'avoir été remaquillée juste pour l'occasion... mais quelle occasion ! Oui, quelle occasion ? Que se passait-il ? Beaucoup étaient réunis là, il semblait faire nuit, des gens sortaient et rentraient, il y avait une petite scène ou jouait un groupe de musique, des gens les écoutaient, d'autres vaquaient à leurs occupations, certains servaient à boire aux autres, et, à quelques mètres de là, quelqu'un était seul dans un appartement, en train d'écrire du code sur un ordinateur, pendant que tout le monde s'amusait, non loin. Pas de fanfare à ce moment-là, ni de mégaphones, mais cela ne réduisait en rien l'importance de ce qui se passait. De moins en moins de gens travaillaient.

Encore un nouvel endroit : une autre salle, beaucoup plus petite cette fois, mais qui semblait reliée à un réseau de couloirs, labyrinthique et sans fin. Une vingtaine de personnes formaient un cercle, certaines étaient assises sur des canapés, des chaises, dans des fauteuils, d'autres par terre, mais tous avaient les yeux fermés. Deux individus tournaient parmi eux, en prononçant des incantations bizarres, et en tapotant sur la tête de certains des gens endormis, de temps à autre. Parfois, quelqu'un quittait le cercle. D'autres fois, les gens se levaient tous pour aller discuter par petits groupes. Tout avait été presque parfaitement mis en scène ; la désignation du rôle principal ne s'était pas faite au hasard, bien au contraire. Celle de l'informaticien non plus. Mais un petit détail avait échappé à tout le monde.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 17:28

"Monsieur ?

- Oui ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je peux sortir s'il vous plaît ? Je ne me sens pas très bien...

- Ah euh... oui oui vas-y." (vous remarquerez que c'est pas courant, comme façon de s'exprimer, mais j'ai pas trouvé plus approprié)

 

Je sors de la salle en mimant une douleur quelconque, à la tête, peu importe... dès que la porte est refermée derrière moi, je cours, en faisant le moins de bruit possible...

Je fais même un petit détour pour ne pas être vu par la petite fenêtre sur la porte, un endroit est particulièrement dangereux, je passe le plus vite possible...

Je croise des gens, j'essaye vraiment d'être discret, c'est difficile, certains me connaissent peut-être, mais ils ne doivent surtout pas me voir...

Mon cœur bat à toute vitesse, je vais faire face à mon destin d'une minute à l'autre, je suis en train de jouer ma vie...

J'ouvre la porte, personne d'autre que lui ne doit me voir, ou savoir que j'étais là, il y a du monde, je me faufile entre les personnes...

Mais il reste introuvable, c'est dur de trouver quelqu'un ici...

 

Pendant ce temps, à quelques mètres d'ici, des gens se posent des questions...

"Mais pourquoi il est parti ? C'est bizarre, déjà, un élève qui disparaît, ce n'est pas courant, alors deux... je dois être en train de rêver."

... alors que le cours continue...

"Définition : une matrice triangulaire... bon ça va oui ???"

... l'ambiance est tendue, tout le monde sent que c'est un jour particulier.

 

Enfin, je l'aperçois, je me déplace discrètement jusqu'à me retrouver derrière lui, et puis...

"Tiens, G., t'es là !?

- Qu'ess tu fous là ? Toi aussi tu t'es fait virer ?

- Non, j'ai fait semblant d'être malade pour venir voir si t'étais bien ici.

- Ah... bon, laisse-moi tranquille, je dois finir ces exercices avant que ça sonne.

- Non, je vais t'embêter jusqu'au bout, moi je n'ai pas d'exercices à faire, le prof ne sait pas si ça m'intéresse ou si ça m'intéresse pas, ah ah ah..."

 

10 minutes plus tard, une page importante de l'histoire s'était écrite. Mais ce jour-là, ma courte vue m'a empêché de me rendre compte de ce qui se passait, j'ai cru à un événement banal, je n'ai pas pensé à partir à l'aventure...

Cela dit, j'ai quand même bien ricané !

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 20:35

Salut à tous !

 

Il y a récemment eu des plaintes, comme quoi nous n'écrivions pas assez, comme quoi des gens allaient sur le blog en espérant avoir des nouvelles, et ne trouvaient rien... et c'est vrai qu'on ne peut pas leur en vouloir. Plusieurs mois se sont écoulés depuis la parution du dernier article, alors aujourd'hui, je vais vous parler d'un épisode méconnu de notre histoire, et plus précisément de notre histoire gaylucienne.

 

C'était un jour comme les autres, un jour banal, tellement banal que j'en ai même oublié la date. C'était une phrase banale, si banale qu'elle ne figure même pas dans les citations des professeurs. Pourtant, elle mériterait. Eh oui, car, si j'ennuie tout le monde avec ça depuis quelques semaines, il me semble que sur ce blog, il n'y en a pas la moindre trace !

 

Comme souvent, les mimiques et les tics de notre professeur préféré (allez, ex-æquo, pour ne pas faire de jaloux), suscitaient des rires nerveux, ne fût-ce qu'un court instant, parmi nous. D'ailleurs, il suffisait parfois de s'évader mentalement de la salle H6 pour penser à quelque chose d'un tout petit peu drôle, et hop, un ricanement !

 

Mais voilà, cet enseignant, pour qui j'ai le plus grand respect, ne supportait pas le moindre petit bruit, le moindre chuchotement, alors, imaginez un ricanement ! La plupart du temps, nous étions suffisamment discrets, mais il est arrivé que certains d'entre nous se fassent prendre. L'élève concerné ici était, qui plus est, dans les premiers rangs.

 

Nous l'appellerons Ac, pour préserver son anonymat. Alors qu'il se faisait sermonner par N. ("bon t'as fini de ricaner oui ?" ou quelque chose comme ça), Ac ne réussit qu'à se calmer un court instant, soutint le regard du prof, et craqua. Un terrible ricanement s'en suivit, ricanement que notre ami justifia par "Mais c'est nerveux, Monsieur". Qu'importe. N. était décidé à en découdre. Il décocha alors à notre camarade une phrase bien placée, qui perdure dans nos mémoires.

 

"Vas-y, RICANE BIEN".

 

Nul ne sait si notre ami fut atteint par ces menaces.

 

Voilà pour la minute historico-culturelle. J'espère que cet article sera le début d'une nouvelle vie pour le blog. Voyez, vos réclamations n'ont pas été vaines ! Alors continuez à réclamer ! (et à ricaner !)

 

Bisous à tous !

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 21:27

Coucou à tous !

En ce moment, je me rends compte de la terrible vérité : cela fait plus d'un an que je n'ai rien écrit ici ! Même mon article annuel sur l'intolérance des profs de maths n'a pas été publié, et pour cause, le 15 février, je n'avais même pas internet !

Mais c'est chose presque réparée maintenant : j'écris ! Je dis presque, parce qu'il est des choses qui ne se réparent jamais. Il est des injustices plus graves qu'un élève qui se fait envoyer au CDI pour cause de chuchotements. D'ailleurs, je soupçonne ledit élève de ne pas s'en être beaucoup plaint.

La prépa, c'était le bon vieux temps, celui où les profs se contentaient de méchancetés "gentilles", où on avait le droit à l'erreur... mais si on me proposait de revenir en arrière, je préférerais revenir en agreg. Eh ouais !

Et même ça, ça commence à se faire vieux. Foutu temps qui passe (largement insipré de "foutue gravité !") ! Ces cours et ces leçons où l'on pouvait se permettre de penser à autre chose, ces heures passées à discuter à la BU, ces soirées, CES NUITS !!! Ces gens qui avaient une notion de l'individu, une vraie, pas que pour faire chier le monde et quand ça les arrangeait, ils savaient conjuguer des verbes, eux, et calculer la dimension d'un ev !

L'été de 2012 était beau, ensoleillé, et il avait commencé tôt. En cette soirée, dans la prairie, du côté des lettreux, le Soleil ne voulait pas se coucher. Des matheux et quelques autres étaient réunis, là, pour s'amuser, en ces moments que rien ne venait gâcher. Des esprits libres, en avance, positifs, affectueux, et même les soucis de l'époque n'en étaient pas vraiment. J'y serais encore, si...

VA TE COUCHER !!!

- NON ! Je ne veux pas dormir. Après, il va encore falloir se réveiller, et encore essayer de dormir...

- T'es complètement inconscient, ça fait 40 heures que t'es debout, regarde ton état, regarde tes yeux !

- Laisse-moi tranquille, je fais ce que je veux ! Et d'abord, c'est pas moi qui choisis de rester debout ! Tu ne te souviens donc de rien ? C'est cette punition, ce silence, ce mur tout autour de moi, C'EST DE TA FAUTE !!!

- Non, c'est pas vrai ! C'est injuste ! Tout est injuste !

- Je regrette les droites vectorielles ! Juste à avancer, réfléchir de temps en temps, mais pas d'erreur, on ne s'écartait pas du chemin, un obstacle parfois, un coup de pied, et hop !

- Et moi, je regrette les plans vectoriels ! Revenir au départ presque sûrement, pouvoir réparer nos erreurs, ne pas trop s'écarter, un nombre fini de choses à faire, on dirait l'agreg !

- À ton avis, ça va durer combien de temps ? Encore loin ? Je pense que cinq, ça suffira. Pour dériver aussi dangereusement, y'a pas besoin de plus. Mais là, on en est déjà à trois. Un espace avec plein de directions, et parfois, où tout disparaît, des trous noi

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